vendredi 20 novembre 2009

Le Sud-Ouest

C'est pas top chrono mon affaire... j'ai court-circuité mon itinéraire du cours, avec mon post d'humeur sur Bordeaux cette semaine. Mais bon, je reprends là où je vous avais laissé après la Vallée de la Loire.


Pour sillonner le Sud-Ouest, ça va vous prendre un petit remontant, et comme ça tombe bien, puisque ce soir au moment où j'écris ces lignes, c'est vendredi soir... yesss! Par contre, j'avoue que je suis encore dans la Loire, car je suis en train de déguster un Bourgueil de Yannick Amirault (La Coudraye, 2007). Mais bon, je suis pas top chrono, je vous l'ai dit tantôt.


Le Sud-Ouest c'est la région "melting pot" par excellence de la France. J'ai eu pas mal de difficulté à m'y retrouver et je vous en fait ici un tout petit condensé, très modeste et sous toutes réserves. Juste en termes de cépages, on a affaire à 49 cépages locaux (21 en blancs et 28 en rouges). Fer Servadou, Courbu, Jurançon, Mérille, Abouriou, Len de l'Eil, Camaralet, Arrufiac, Manseng, Négrette, Tannat, Braucol, Ugni Blanc, Baco, Mauzac, et j'en passe, ça vous dit quelque chose?


La prof voulait nous faciliter la tâche, et elle a découpé la chose en trois zones de production : le Bergaracois (tout près de Bordeaux), les Pyrénées (qui comprend notamment le Béarn et le pays Basque), et puis le reste des appellations "at large" donc dispersées. Mais bon, je vous avoue qu'encore là, c'est trop compliqué pour moi.


Les appellations que nous connaissons le plus ici sont : Madiran, Pacherenc-du-Vic-Bilh, Jurançon, Cahors et Gaillac. À cela se greffe bien sûr d'autres appellations (je fais mes devoirs, je vous les nomme) : Béarn, Buzet, Côtes-de-Duras, Côtes-du-Marmandais, Fronton. Et à cela s'ajoute encore des VDQS (vins de qualité délimitée supérieure) et des vins de pays.


Dans l'appellation Madiran, les vins sont issus à 40 % de Tannat. Pour les assouplir, on leur ajoute des compléments de cabernet-sauvignon, de cabernet-franc et de fer servadou. Les vins doivent être élevés au moins un an avant la mise en bouteille. Pour assouplir les vins, on fait aussi fermenter les jus dans différents formats de barriques. Je vous épargne les explications sur les types de sol (haut de coteau, mi-de-coteau, bas-de-coteau) mais sachez que les plus qualitatifs sont en haut de coteau. Le seul producteur phare pour moi dans cette région c'est Alain Brumont. Si vous en connaissez d'autres qui vous interpellent, exprimez-vous sur ce blog.


Dans l'appellation Pacherenc-de-Vic-Bilh, les vins blancs secs et moelleux sont issus de quatre cépages dont le plus local est l'Arrufiac (arômes floraux et balsamiques). Les autres sont le Petit Courbu, le Gros Manseng (dominant dans la région) et le Petit Manseng (cépage traditionnel pour les moelleux). Outre Brumont cité plus haut, les autres producteurs de renom sont Domaine Berthoumieu et Château d'Aydie.


À Jurançon, les plus beaux terroirs sont situés à la Chapelle de Rousse sur les hauteurs et à Monein. Ma prof ne s'est pas trop attardée sur cette appellation, faute de temps sans doute, mais je vous invite à découvrir le producteur Charles Hours dont on peut trouver en Jurançon sec la Cuvée Marie en ce moment à la SAQ. Ses vins secs sont issus de Gros Manseng et ses moelleux de Petit Manseng, le Petit Courbu étant utilisé dans les deux cas en complément.


Dans la vallée du Lot, Cahors est une appellation reconnue pour son vin rouge principalement à base de Malbec qu'on apppelle ici "cot (70 % minimum Malbec avec Tannat et Merlot autorisés en complément). Les trois niveaux d'alluvions en terrasses qui tapissent la vallée correspondent à des quartz, des graviers et des sols meubles type acide. La terrasse supérieure est la plus qualitative. Les vins de Cahors sont souvent sévères dans leur jeunesse, mais lorsqu'ils proviennent de beaux terroirs (anciennes terrasses), ils se révèlent de longue garde.

Petit apparté ici, qui fait suite à mon billet d'humeur sur Bordeaux, et qui outre Cahors, englobe aussi le Madiran et bien d'autres appellations, que ce soit dans le sud-ouest de la France, ou ailleurs. Benoit France (Grand Atlas des vignobles de France) résume mieux que moi l'état de la situation :

"Comme toutes les appellations proposant des vins charpentés, Cahors a sacrifié à la mode des vins boisés. Cette démarche, sans aucune tradition locale, n'a que peu altéré la forte personnalité de ces vins, suffisamment robustes pour s'accommoder de ce traitement.

On trouve donc chez les producteurs des vins de Cahors de différentes natures.

Ce sont les vins "légers", obtenus par macération courte, très fruités et marqués par des arômes de fruits rouges, comme la framboise ou la groseille, assez ronds, possédant cependant assez de corps et qui peuvent être bus rapidement.

Mais aussi les vins traditionnels, à la robe lumineuse, de couleur grenat, au nez assez fermé dans leur jeunesse mais qui s'épanouit par la suite sur des notes plus confites de pruneau, et quelquefois de truffe noire; ils sont corsés et charpentés avec des tannins très fondus et une grande longueur en bouche."

Vous voyez où je veux en venir... vins de garde par opposition à vins de consommation rapide.

Je continue avec Benoit France :

" Il est dommage que ces vins, qui possèdent une personnalité unique, riche, franche et parfaitement définie, ne se soient pas suffisamment imposés dans leur véritable caractère. On cherche au contraire trop souvent, pour des raisons commerciales ou pour répondre à la mode, à les faire entrer dans un standard d'inspiration bordelaise qui ne leur convient pas. En augmentant exagérément la proportion du cépage merlot, en récoltant les raisins en surmaturité, en prolongeant les macérations, en provoquant la micro-oxygénation et, pour finir, en maquillant le vin par un passage en bois neuf, on produit certes un vin très concentré, très au goût du jour, qui non seulement a perdu toute sa typicité mais qui, en plus, ne ressemble que de très loin, aux vins dont il souhaite s'inspirer.

À terme, ce type de déviation ne peut que nuire à l'esprit de l'appellation et à l'image de son vin."

Semble-t-il que face à cette situation, les vignerons de Cahors ont déposé une demande de classement en vue de hiérarchiser leurs vins par l'officialisation de crus tels qu'ils existent en réalité. Un tel classement nous permettrait à titre de consommateur de mieux distinguer les terroirs historiques plus typés de ceux destinés à une production de consommation immédiate. Fin de mon apparté.

Dans cette grande région du sud-ouest, il y a bien sûr bien d'autres appellations, notamment dans le Bergeracois, l'Albigeois (Gaillac) et le Marmandais (Côtes de Duras et Côtes du Marmandais). Il s'agit donc d'un vignoble en mutation, qui va connaître je l'espère une évolution qualitative au cours prochaines années, grâce à des vignerons dynamiques, innovateurs et inspirés.

Pour terminer, en voici un de ceux-là dans les Côtes-du-Marmandais. Il s'appelle Elian Da Ros, et il travaille en biodynamie. J'ai commandé une caisse de son Chante Coucou rouge auprès de l'agence Rézin en importation privée (quantités limitées) et je vous en reparle dans les semaines à venir avant No-Well. (Depuis ma commande, il y a à peine une semaine, le vin en question ne semble plus disponible... en tout cas, si vous m'invitez chez vous dans le temps des Fêtes, je vous en apporte une bouteille, promis!).

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