dimanche 2 mai 2010

Samedi soir chez Pullman

Ça y est, mon année à l'ITHQ s'est terminée cette semaine et ce week-end j'ai pu reprendre mon souffle. Quoi de mieux qu'une soirée au bar à vin Pullman pour décompresser et surtout déguster dans un cadre "non académique", en compagnie de ma bonne amie Chantal que j'avais négligée ces derniers temps et un beau et séduisant vigneron de passage à Montréal.

Tout d'abord, nous avons à peine franchi le seuil de l'établissement que nous sommes prises en charge par la sommelière Véronique Dalle (aussi mon prof à l'ITHQ). "Pas de réservation Mesdames? Je vais voir ce que je peux faire avant qu'une table ne se libère". On nous installe sur deux tabourets près du comptoir du rez-de-chaussée avec des bulles, pour patienter, un pétillant naturel rosé des Coteaux-du-Loir, You are so Bubbly, de Nathalie et Christian Chaussard. Véronique nous dit que c'est à base de pineau d'aunis (chenin noir de la Loire), mais selon mes recherches sur le Net, ce serait un mousseux issu de cabernet franc de la Loire, et de cabernet sauvignon, grenache, cinsault et (ou) carignan d'Ardèche, car les vignerons ont, en plus de leur domaine (Le Briseau), une maison de négoce (les vins de Nana) par l'entremise de laquelle ils achètent des raisins d'ailleurs qu'ils covinifient sur leur domaine. Bref, on a affaire à un pétillant frais et tonique qui nous ouvre l'appétit.

Nos deux voisines attablées au comptoir s'apprêtent à partir et Véronique nous fait signe que nous sommes les suivantes. Un coup d'oeil rapide au menu et hop nous choisissons quatre plats. Le saumon gravlax à la russe, les crevettes sautées avec garniture de sofrito et de céleri, les raviolis de ris de veau et champignons, sauce madère, et les mini-burgers de bison accompagnés de pommes allumette. "Véro, on te fait confiance pour le choix de vins, tu as carte blanche." Ça y est, c'est parti!

Premier service, en accompagnement du saumon gravlax, une Roussette du Bugey 2007, Altesse de Montagnieu, de la famille Peillot (France). "C'est où le Bugey, me demande Véro?" Et moi de répondre hésitante "Euhhh, dans le Sud-Ouest?" (pfff.... je trouve le moyen de confondre Bugey avec Buzet bien entendu). Le vin du Bugey, région avoisinante de la Savoie, est discret au nez et très frais et minéral en bouche. Son acidité donne beaucoup d'élégance au saumon gravlax servi avec des blinis et des garnitures de yaourt au citron et de caviar de saumon. Chantal et moi sommes ravies, le mariage des saveurs est parfaitement réussi. On plane.

Pendant que Chantal s'entretient avec son beau voisin de droite, nul autre que le vigneron Frederic Chaudière du Château Pesquié (Côtes du Ventoux, vallée du Rhône), j'attaque le deuxième service, un Meursault 1er cru Les Charmes 2006, de François Mikulski (France), avec les crevettes. Le Meursault est dans un tout autre registre. Au nez, un chardonnay au boisé vanillé assez présent. En bouche, pas trop gras, belle acidité, de belles notes citronnées, mais quand même une pointe entêtée de vanille. Ça écrase légèrement la délicatesse des crevettes avec garniture de sofrito (tomates, poivron, oignon rouge et coriandre) qui elles sont aériennes à souhait tant au niveau des saveurs que de la texture en bouche.

Pendant que ma copine continue de faire causette avec le beau Frederic, Véro me sert un Pinot blanc Tradition 2008 d'Alsace de la maison Léon Boesch. C'est ample et gras avec une belle acidité. Je préfère au Meursault qui a précédé. Un vin plaisant à boire avec ou sans accompagnement.

Pour accompagner les raviolis de ris de veau, un Mornington Peninsula 2007, Massale, du domaine Kooyong en Australie. Ce vin fait de pinot noir arbore une belle robe rouge rubis. C'est frais et léger en bouche, et ça m'évoque l'été et les petites fraises des champs. Étonnament, ça me plaît pour un vin Australien. Est-ce que ça fonctionne avec les raviolis? Y a quelque chose au niveau des textures qui m'embête. Je boude pas mon plaisir et j'enfile les bouchées et les gorgées, mais pas de wow sur l'harmonie.

Je ne sais plus trop où en est ma copine dans ses échanges avec le charmant Frederic (qu'on a rebaptisé Igor entre nous parce qu'on vient de voir la projection de Coco Chanel et Igor Stravinsky), mais j'enchaîne avec le prochain service.

Mon prochain vin a une robe noire opaque et un nez assez profond. On déménage dans les Coteaux du Languedoc, avec un domaine Les Portes 2006. J'aurais aimé que Véro m'en dise plus sur ce vin, mais mes voisins de gauche l'accaparent (un vigneron du Beaujolais avec une groupie québécoise...). Il doit y avoir du mourvèdre dans cet assemblage, parce que c'est velouté et frais et ça me plaît. J'enfile mon mini-burger au bison, et les pommes de terre allumette, parfaitement comblée par ce service.

Je m'inquiète pour Igor alias Frederic qui semble être au sec. "Véro, tu peux lui servir quelque chose pour nous?". Igor commande les mêmes plats que nous (raviolis et mini-burgers), alors elle lui sert le domaine Les Portes du Languedoc.

En attendant ma copine qui en est toujours aux raviolis, avec les 3 premiers verres de vin non encore vidés et deux autres pas encore entamés, Véro me propose d'aller du côté du Beaujolais, histoire de me refaire la bouche avec un Morgon Nature 2008 de Marcel Lapierre. Un vigneron emblématique du Beaujolais. Je vous invite à aller voir son site Web. Du beau Morgon, vif, rafraîchissant et surtout très réjouissant. Du beau fruit acidulé qui redonne en effet de la vigueur à mes papilles qui commençaient à être saturées.

Mes voisins de gauche, le vigneron du Beaujolais et sa groupie, sont pas mal de bonne humeur et Véro nous propose un vin inusité de l'Afrique du Sud, plus précisément de la région de Swartland, à base de carignan et de syrah, The Observatory 2005. Pas sûre d'aimer ça. Je passe mon verre à Igor qui me dit d'emblée, "c'est de la Syrah?". Ouais, bon point Igor, mais pas la Syrah dont j'ai l'habitude. C'est très acidulé et je demande à Véro si le vin est acidifié. Elle me répond catégoriquement que non. À chaque gorgée, rien à y faire, ça suit pas ce qui a précédé dans la séquence. Le petit rebelle ou délinquant de la soirée, en ce qui me concerne. Mais un vigneron qui mérite le détour selon Véro parce qu'il fait des vins atypiques pour l'Afrique du Sud.

Ma copine en est encore aux raviolis je crois, alors Véro me sert un Rioja 2008, Inedito 3/3, de la Bodega Lacus, en Espagne. Un vigneron à retenir : Olivier Rivière. Ne vous attendez pas à un vin lourd de la Rioja. On est sur le fruit, belle acidité, y a bien sûr un côté réglisse et olives noires, mais servi à la bonne température (plutôt frais), ça reste léger et digeste, surtout pour un 2008. J'en fais servir un verre à notre nouvel ami Igor qui lui goûte surtout la réglisse.

La soirée s'achève. Ma conductrice désignée se commande un bon café latté, et Véro me sert en guise de conclusion un Maury 2008 du domaine Les Terres de Faygara. C'est souple, aérien et tout simplement divin. Igor nous quitte. Il doit prendre l'avion tôt le lendemain pour Boston, et sa tournée nord-américaine se terminera après cela à New York. La fatigue semble avoir gagné notre vigneron du Beaujolais et sa groupie qui parlent de moins en moins fort.

Il est 1 heure du mat et finalement on se résigne Chantal et moi à partir, en se disant qu'on reviendra bien souvent faire un tour chez Pullman. Merci Véro pour ton service attentionné et efficace.